Lettre ouverte de la présidente de la Relève


 Publié le 16 mai 2024

Ma génération a été celle des cobayes de Meta!

« J’ai 22 ans et, comme tous les jeunes de ma génération, j’ai grandi avec les médias sociaux. Pendant notre enfance, nos sociétés se sont lancées dans une grande expérience dont nous avons été les cobayes, alors que l’on ignorait les conséquences de ces plateformes sur notre développement et notre santé mentale. Maintenant que s’amorce un réveil collectif sur cette question, notre génération doit avoir son mot à dire. »

À la Commission de la Relève de la CAQ, nous avons vu directement les effets que les réseaux sociaux ont eus sur nous-mêmes et sur notre entourage. Nous avons été confrontés à une réalité que les générations précédentes n’ont pas vécue, et qu’elles peuvent difficilement saisir. Moi-même, en tant qu’étudiante en enseignement, je constate les conséquences des médias sociaux sur des élèves du primaire. Nous ne pouvons pas rester les bras croisés.

L’arrivée de plus en plus précoce des jeunes sur les médias sociaux a amené avec elle des dangers que nos parents n’ont pas dû affronter à notre âge, comme la circulation d’images intimes de mineurs sans consentement dans les écoles. Comme jeunes, c’est notre droit à l’image qui est affecté: les plateformes numériques devraient avoir l’obligation de supprimer rapidement les images qui portent atteinte à notre dignité lorsque nous en faisons la demande, sous peine de sanctions. Autant pour la cyberintimidation et le harcèlement que pour la pornographie juvénile, il faut agir pour rendre internet plus sécuritaire pour les mineurs. Ces tristes événements, lorsqu’ils ont lieu, se font presque toujours à l’insu des parents, et on ne peut pas laisser ce fardeau sur leurs seules épaules. Les plateformes doivent assumer leurs responsabilités.

Plus largement, les effets addictifs et nocifs des médias sociaux sur notre socialisation, notre sommeil, notre attention et notre santé mentale sont bien documentés par les experts. Nous dormons moins bien, nous voyons moins nos amis en personne, notre capacité d’attention régresse en classe, et certains d’entre nous développent une véritable dépendance à ces plateformes souvent conçues pour nous rendre accros. Il est temps que l’on commence à traiter les médias sociaux pour ce qu’ils sont: des produits addictifs, au même titre que l’alcool, le cannabis et les jeux de hasard. Ainsi, nous croyons qu’il est devenu nécessaire de fixer à 16 ans l’âge minimum pour ouvrir un compte sur les réseaux sociaux, et de l’appliquer rigoureusement, notamment à l’aide de technologies déjà employées par les géants du web. Comme pour acheter de la bière ou un billet de loterie, il devrait être normal de vérifier l’âge des utilisateurs, et ce, pour leur propre sécurité.

Nous sommes conscients que ces propositions audacieuses feront débat. Toutefois, nous ne pouvons laisser Facebook, Instagram, Snapchat, TikTok et Google continuer de mettre à risque la santé physique et mentale des jeunes sans encadrement. Le Québec a toujours été à l’avant-garde en matière de protection de la jeunesse, et une fois de plus, nous pouvons être des précurseurs. Ma génération, qui a grandi avec ces plateformes, a maintenant un rôle central à jouer pour les encadrer et les rendre plus sécuritaires.

– Aurélie Diep, présidente de la Commission de la Relève de la CAQ

 Source : Le Journal de Québec