Alternatives à l’hospitalisation psychiatrique


 Publié le 27 avril 2023
 

Le ministre responsable des Services sociaux, Lionel Carmant, annonce le déploiement de trois mesures visant à diminuer le recours à l’hospitalisation des personnes nécessitant une prise en charge en santé mentale. Ces actions découlent du Plan d’action interministériel en santé mentale 2022-2026 . Ces mesures visent également à désencombrer les urgences et les services hospitaliers, à diminuer la durée moyenne de séjour ainsi qu’à améliorer la qualité des services offerts aux patientes et aux patients.

Le ministère de la Santé et des Services sociaux a confié aux établissements ayant une désignation d’institut universitaire en santé mentale (IU-SM) le mandat de déployer trois mesures cliniques prometteuses et interreliées. Ces actions seront d’abord implantées dans six installations précurseures selon des modèles adaptés aux différentes réalités régionales. L’implantation fera l’objet d’une évaluation continue qui permettra d’apporter les ajustements nécessaires et de bonifier les modèles, en vue d’un déploiement national.

Les trois mesures sont les suivantes1 :

  • le déploiement d’équipes spécialisées d’intervention rapide et de relais en santé mentale dans la communauté (ÉSIRRC);
  • la mise en œuvre des projets d’unité d’intervention brève en psychiatrie (UIBP);
  • l’offre du traitement intensif bref à domicile aux personnes présentant des troubles mentaux (hospitalisation à domicile).

L’implantation de ces trois mesures, sur les plans clinique et administratif, sera également soutenue par le développement d’outils numériques à travers un quatrième volet touchant particulièrement les technologies de l’information.

En ce qui a trait au financement de 52 millions $ annoncé dans le dernier budget pour ce projet, 40 millions $ proviendront de l’Institut de la pertinence des actes médicaux (IPAM) et 12 millions $ seront issus du budget 2023-2024 visant le déploiement de mesures pour améliorer l’accès aux soins et aux services en santé mentale.

Un développement budgétaire pour annualiser les mesures en santé mentale du Plan budgétaire de 2022-2023 est également prévu, représentant un montant additionnel récurrent de 15,1 M$ pour 2023-2024.

« Par cette nouvelle approche de prise en charge, nous souhaitons réussir à intervenir en amont et prévenir ainsi une aggravation de l’état de santé mentale de plusieurs personnes, tout en allégeant l’affluence dans les urgences et les hôpitaux. Ce modèle novateur d’intervention a déjà fait ses preuves à certains endroits, et je demeure persuadé que les mesures annoncées aujourd’hui porteront leurs fruits, tant sur le plan de la qualité de vie des usagers que sur celui de l’efficacité de notre réseau de santé et de services sociaux. Parce que la clé pour réduire les listes d’attente en santé mentale, c’est d’ouvrir plus de portes. »

Lionel Carmant, ministre responsable des Services sociaux

Faits saillants :

  • Dans le cadre du projet de l’IPAM, qui a débuté en 2022 et se prolongera jusqu’en 2026, les mesures seront implantées dans six établissements sous forme de projets vitrines qui seront évalués en continu. Les établissements visés par le déploiement des mesures sont les suivants :
    • CIUSSS de la Capitale-Nationale;
    • CIUSSS de la Mauricie-et-du-Centre-du-Québec;
    • CIUSSS du Centre-Ouest-de-l’Île-de-Montréal;
    • CIUSSS du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal;
    • CISSS de l’Outaouais;
    • CISSS de Laval.
  • IU-SM chargés de l’implantation des trois mesures :
    • ÉSIRRC : Institut universitaire en santé mentale de Montréal;
    • Hospitalisation à domicile : Institut universitaire en santé mentale de Québec;
    • UIB : Institut universitaire en santé mentale Douglas;
    • Volet technologies de l’information (Mesure transversale) : Institut universitaire en santé mentale de Montréal.
  • À terme, les principaux effets attendus de l’implantation de ces quatre mesures sont:
    • le désencombrement des urgences et la diminution de la durée moyenne de séjour;
    • l’augmentation de la capacité d’accès aux services pour la population;
    • une meilleure expérience-patient par des soins à domicile et de proximité;
    • une meilleure utilisation des ressources et une augmentation de la performance du Réseau de la santé et des services sociaux.
  • Rappelons que l’IPAM est né de la volonté commune du gouvernement du Québec et de la Fédération des médecins spécialistes du Québec (FMSQ) de créer un institut indépendant afin que les sommes investies par l’État pour la rémunération des médecins spécialistes soient utilisées selon les meilleures pratiques, tout en améliorant l’accessibilité des services pour la population.

Descriptions concernant les trois mesures :

Équipes spécialisées d’intervention rapide et de relais en santé mentale dans la communauté
L’implantation d’une équipe spécialisée d’intervention rapide et de relais en santé mentale dans la communauté permet à la personne qui reçoit un congé de l’urgence, à la suite d’un épisode aigu lié à un trouble mental, de recevoir rapidement un suivi avec une équipe (psychiatre, infirmière praticienne spécialisée, travailleuse sociale, etc.). Ce suivi permet également à l’équipe d’évaluer s’il est nécessaire d’effectuer une demande de services ou encore de faire la liaison avec un partenaire de la communauté, comme un groupe de médecine de famille, un centre de crise ou un organisme communautaire. Ainsi, grâce à ces équipes, le recours à l’urgence peut être évité, le nombre d’observations pour la nuit peut être diminué et les séjours prolongés à l’urgence et l’hospitalisation peuvent aussi être évités.

Unités d’intervention brève en psychiatrie (UIBP)
Le rôle des UIBP est de recevoir, pour un court séjour (de 48 h à 72 h), des personnes présentant un épisode aigu lié à un trouble mental et ayant des besoins demandant une réponse à court terme en favorisant leur retour rapide à domicile par un programme général d’intervention. La mise en place rapide adaptée permettra de stabiliser leur état pour qu’elles puissent reprendre le plus rapidement possible leurs rôles occupationnels et sociaux. De telles unités assureront la sécurité physique et émotionnelle des personnes tout en offrant un environnement sécuritaire au personnel. Basées sur les meilleures pratiques, elles permettront d’éviter les admissions de longue durée ainsi que le phénomène des « portes tournantes », notamment en favorisant la résolution des crises psychosociales.

Traitement intensif bref à domicile (TIBD)
Le TIBD permet à une personne de bénéficier de soins lui offrant un cadre clinique semblable à celui de l’hôpital (évaluation psychiatrique, suivi infirmier spécialisé, équipe multidisciplinaire incluant un psychiatre) en demeurant chez elle, chez un membre de son entourage ou dans un autre endroit pouvant la recevoir dans la communauté. L’accès à ce service permet à la personne d’éviter une hospitalisation ou du moins d’être hospitalisée beaucoup moins longtemps. Cette hospitalisation à domicile permet à la personne de recevoir une intensité de soins en fonction de ses besoins sans être déracinée. La durée du traitement visée est d’environ de six à huit semaines pour les personnes présentant des troubles psychotiques et de neuf semaines pour les personnes avec troubles de l’humeur.