HOMMAGE À NOS PROCHES AIDANTS


 Publié le 11 novembre 2016
 

Repentigny, le 10 novembre 2016

Nous soulignons aujourd’hui la semaine des proches aidants. C’est cependant chaque jour que nous devrions témoigner envers ces personnes notre gratitude et notre reconnaissance.

On ne choisit pas de devenir un proche aidant, on le devient par le hasard de la vie, par la fragilisation d’un proche. On oublie souvent la valeur de cet engagement sans faille. Tranquillement on sombre dans la solitude, parfois dans la pauvreté, souvent dans l’isolement et arrive un moment où l’on se fragilise soi-même.

Nous avons des exemples connus qui nous ont permis de mettre un visage sur ce que pouvait signifier devenir un proche aidant. Pensons à Chloé Ste-Marie qui a fait un travail exemplaire pour sensibiliser la population et surtout le gouvernement à cette réalité.

L’institut de la statistique prévoit qu’en 2030, 1 personne sur 4 deviendra un proche aidant.   Si nous nous regardons ici au salon bleu, plusieurs d’entre nous risquent un jour ou l’autre de devenir cette personne sur laquelle une autre comptera. Nous savons que Marguerite Blais et Michèle Courchesne ont eu à un moment dans leur vie, à devoir conjuguer de hautes responsabilités tout en devant s’occuper de leur amoureux fragilisé par la maladie. D’autres collègues doivent vivre actuellement avec cette réalité.

Lundi passé, une citoyenne de mon comté m’a raconté être devenue une double proche aidante. Ayant à s’occuper de son enfant handicapé, voilà qu’elle doit en plus s’occuper de son conjoint en perte d’autonomie. Une fatigue s’installe peu à peu, le désespoir et la peur de ce que sera demain deviennent une réalité quotidienne.

Devenir un proche aidant, c’est s’investir auprès d’un enfant, un amoureux, un parent qui nécessite des soins. C’est parfois quitter un travail ou devoir justifier de nombreuses absences, s’appauvrir, faire la connaissance d’une solitude qui s’installe tranquillement dans nos vies, compenser pour le manque de soutien à domicile, subir le manque de ressources, se fragiliser et devenir tranquillement soi-même un futur aidé.

Un proche aidant s’occupe d’un enfant, un adolescent, un adulte, un conjoint, un ami, un parent lourdement handicapé ou souffrant d’une maladie dégénérative, une maladie grave, une maladie mentale. Nous pouvons être un aidant pour une période temporaire, mais aussi pour une période permanente jusqu’au décès de la personne aidée ou jusqu’à notre propre décès, car selon les statistiques il arrive que les proches aidants décèdent avant les aidés.

Il y aurait environ 1 million deux cent mille proches aidants au Québec dont 52% sont des femmes. Ces personnes souhaiteraient que nous les reconnaissions et surtout que nous les entendions. Ces personnes consacrent en moyenne 80% de leur temps en soin auprès des personnes vulnérables. Leur travail permet au gouvernement d’épargner environ 5 milliards de dollars. Pendant ce temps, ce même gouvernement refuse de les entendre en lançant une vaste consultation que j’ai demandée à deux reprises.

Ces personnes sont des partenaires invisibles du réseau de la santé. Si elles démissionnent, ce même réseau ne sera d’aucune façon prêt à recevoir les aidés. Le système éclatera de toute part, nous devons en être conscients. Les ignorer c’est les abandonner à leur propre sort.

Je veux en cette semaine remercier ces proches aidants pour leur dévouement et leur travail. Mais je veux aussi remercier tous ces organismes qui les soutiennent et leur viennent en aide.

Lundi dernier, à Montréal, le ministre de la Santé et des Services sociaux a rappelé que, techniquement, le financement des organismes communautaires n’a pas été réduit. « Le financement a toujours été au rendez-vous », a- t-il répliqué. Il a ajouté que « tout le monde veut toujours plus d’argent » et qu’il appartient justement au gouvernement de faire des arbitrages devant toutes les demandes qui lui sont adressées.

Il faudrait que le ministre choisisse ses batailles car le regroupement des aidants naturels de mon comté, le RANCA, a vu ses subventions du gouvernement augmenté de 3 977 $ depuis 2003, se chiffrant à 23 977 $. Soutenir nos proches aidants et les organismes qui leur viennent en aide est essentiels si nous ne voulons pas assister à une démission à grande échelle et devoir agrandir notre réseau par manque de place. Il en coûtera beaucoup plus cher quoiqu’en dise le ministre.