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Pour ou contre le port du masque?


 Publié le 14 août 2020
 

Comme dirait mon oncle Bertrand, « ça, c’est une question à mille piasses, mon p’tit gars. » Et ma mère, elle, s’empresserait de m’annoncer fièrement : « moi, en tout cas, je suis pour, et je le porte! » Tandis que ma blonde me demanderait tout simplement si je ne suis pas encore « en train d’écrire un autre article sur la Covid-19? »

Mais moi, je ne suis pas sûr que ce soit la bonne question de départ que de demander si on est pour ou contre le port du masque. Ça fait deux jours que je me demande si on ne devrait pas se poser une question préalable… Et cette question, c’est celle-ci : êtes-vous pour ou contre le coronavirus?

Je vous pose la question, car je pense que tout le monde va me répondre qu’il est contre le foutu virus.

Alors si on est contre le virus, comment peut-on être, en même temps, contre le port du masque?

Je sais bien qu’on peut être contre le virus et contre le port du masque, parce que c’est suant au max de porter un masque. Mais si ça peut empêcher le virus de déclencher une deuxième vague, ça vaut la peine de le porter, non?

Porter un masque, ça ne tuera pas personne. Alors que le virus, si.

C’est bête, mais c’est la réalité. Le masque protège celui qui le porte autant que les autres. Il permet d’empêcher les gouttelettes du virus d’être transmises de l’un à l’autre. Et ça, ce n’est pas de la science-fiction, c’est la réalité.

Comme vous vous en doutez, j’ai fait mes devoirs avant d’avancer ça. J’ai lu tout ce qui s’est écrit sur le sujet. Et tout indique que le port du masque, le lavage des mains et la distanciation de 2 mètres sont encore nos meilleurs outils pour freiner la pandémie, en attendant la découverte du fameux vaccin qui l’endiguera pour de bon. Mais…

…car il y a toujours un mais, la seule manière d’y arriver c’est d’être le plus nombreux possible à porter un masque. S’il n’y a que moi ou que vous (ou que ma mère), ça ne donne rien.

Il suffit de voir les modélisations qu’a faites l’Institut national de santé publique pour réaliser rapidement que plus on se protégera (50-75% de contacts protégés), plus on maintiendra la courbe épidémique basse. Alors que si on n’est que 25 à 50% à le faire, les mois de septembre et octobre risquent fort de ressembler aux mois d’avril et mai.

Nouvelles hospitalisations par jour

C’est donc à nous tous de choisir, le genre d’automne que l’on désire.

Moi, personnellement, je préfère le premier graphique (ma blonde aussi).

Et je ne vous dis pas ce que ma mère en pense, car ce serait trop long à vous expliquer. (En résumé, elle trouve que les gens devraient juste écouter les consignes, au lieu de débattre de tout. « Ça sert à quoi de se chicaner sur tout? » Car pour elle, débattre c’est se chicaner.)

On pourrait aussi discuter longtemps du changement de cap face au port du masque, mais tout le monde connaît la réponse : au début de la pandémie, le Québec a frôlé la pénurie de masques. Il fallait réserver les masques au personnel médical. Quand bien même on supposerait toutes sortes de choses, ça ne changerait pas la réalité du début de la pandémie. Alors, poursuivons.

Le journal scientifique The Lancet a publié récemment une étude qui montre l’impact positif de la distanciation sociale et du port du masque. En regardant le tableau ci-dessous, on réalise que les chances de transmission passent de 12,8% à 2,6% quand on se tient à plus d’un mètre de distance et de 17,4% à 3,1% si on porte un masque.

Si vous faites le calcul, ça veut dire qu’en portant un masque et gardant ses distances, on réduit de 80% les chances de transmission du virus.

(Quand mon oncle Bertrand a vu les chiffres, il m’a dit d’écrire ceci : « Les sceptiques seront con-fon-dus! » Heu…? Il m’a assuré que les plus vieux comprendraient. J’espère que je ne fais pas un fou de moi. Et j’espère aussi que les sceptiques sont confondus.)

Le masque est devenu obligatoire au Québec dans les lieux fermés, le 18 juillet dernier. Et depuis ce fameux samedi, je ne cesse d’aller dans les lieux publics fermés pour voir comment se porte le Québec masqué : épicerie, quincaillerie, magasin de sports, librairies, papeteries, magasins de revues et journaux…

Et bien honnêtement, j’ai été plus que surpris de l’esprit de corps des Québécois. J’ai eu l’impression que tout le monde s’était passé le mot : « on met notre masque! » Je n’ai pas vu aucun incident comme celui du Tim Hortons où un amateur de beignes a défié les policiers au nom de ses droits et libertés (quitte à passer lui-même pour un beigne sur les réseaux sociaux).

Une seule fois depuis le 18 juillet, j’ai vu quelqu’un, au supermarché, qui portait son masque au menton. Mais dès qu’un employé lui a dit « votre masque… », tout de suite, le gars s’est excusé et l’a remonté jusqu’au-dessus de son nez.

Les gens portent « le masque comme on porte un drapeau. » C’est Stéphane Laporte qui serait content. Moi, je trouve ça cool. J’ai l’impression que c’est une nouvelle façon de fraterniser. Au lieu de regarder la dentition des gens, on regarde leur masque. Et on voit à leurs yeux s’ils sourient ou s’ils en ont « leur truck », comme dirait mon oncle Bertrand. Et plusieurs masques sont très beaux à regarder. Vraiment.

La meilleure raison de porter un masque

Elle est toute simple : personne ne veut attraper le virus et en garder des séquelles. J’ai vu à RDI deux documentaires sur des gens atteints de la Covid-19. Le premier se passait en Belgique, le second en Italie. Et ce fut un choc. On se croit à l’abri de tout jusqu’à ce que l’on visionne ces deux documentaires. Pour votre information, celui intitulé, Moi, Francesca, médecin italien contre la Covid, est toujours disponible sur tout.tv. Et il vaut la peine d’être vu, surtout par nous, les jeunes, qui nous croyons invincibles. Il faut voir ce jeune de 17 ans sous respirateur, plongé dans le coma… Il faut surtout le voir se réveiller et parler à sa famille… Juste leur dire « bonjour » est une souffrance. Et il faut le voir être guéri et entrer en réadaptation, pour réapprendre à marcher, à parler, à vivre…

C’est quand on voit la détresse des autres en direct qu’on se met à penser que ça pourrait aussi nous arriver.

Pourquoi, donc, porter un masque? Parce que la Covid-19 laisse des séquelles. Même chez ceux qui ont eu la version douce : celle de la fatigue extrême, mêlée à la perte de goût (agueusie) et la perte d’odorat (anosmie). Que diriez-vous, si vous ne pouviez plus rien sentir? Ni l’arôme de la sauce à spaghetti (celle de ma mère est la meilleure), ni l’odeur des cheveux de votre blonde ou de son parfum, ni celle des fleurs, ni même celle de votre poutine préférée.

Même chose pour le goût.

Ça vous donnerait quoi d’acheter le meilleur scotch de la terre si ça ne goûte rien? Ou de vous commander des sushis ou un tartare si vous ne pouvez même pas le savourer? Quand on ne goûte rien, c’est notre appétit pour tout qui s’en trouve amoindri. La vie goûte moins bon.

Et chez certaines personnes, les séquelles peuvent durer des mois. Alors peut-on vraiment se sentir invincibles, nous les milléniaux ou les zoomers?

Pas sûr…

D’autres raisons de porter un masque

Si les séquelles ne vous ont pas convaincu, j’ai quelques questions à vous poser. Et vos réponses risquent d’être autant d’arguments de porter un masque.

Quand vous conduisez, mettez-vous systématiquement votre ceinture de sécurité? (Quand il a lu la question, mon oncle Bertrand a dit : « P’tit maudit! Là tu pognes de quoi. ») Et pourquoi la portez-vous? Pour vous protéger.  C’est la même chose avec le masque (la distanciation sociale et le lavage des mains).

Quand vous avez une relation sexuelle avec une nouvelle partenaire, pourquoi mettez-vous un condom? Pour vous protéger. Et pour la protéger aussi. Même chose avec le masque.

Quand votre enfant apprend à faire du vélo, pourquoi lui mettez-vous un casque? Pour le protéger. Même chose avec un masque.

Pourquoi les gars de la construction (ma mère fait dire qu’il y a aussi des filles de la construction…) portent-ils des bottes avec des caps d’acier? Pour se protéger.

Pourquoi les gardiens de but portent-ils des masques? Pour se protéger des lancers qui pourraient les défigurer?

Et si mes arguments ne réussissent pas à vous convaincre, peut-être que ces deux articles, l’un d’une pédiatre new-yorkaise et l’autre d’une épidémiologiste professeure de la Harvard Medical School, vous convaincront davantage.

J’ai une proposition à vous faire

Et si, en terminant, je vous lançais une idée? Une idée toute simple – vous allez voir, c’est malade! -, mais qui pourrait régler tous les problèmes et nous éviter bien des bêtises.

Et si on décidait – collectivement! – de faire de 2020 L’Année du masque? Si on s’engageait tout le monde à porter notre masque jusqu’au Bye-Bye 2020? Si on lançait un vaste mouvement : Moi, je porte mon masque jusqu’au Bye-Bye 2020.

Vous allez me dire : « Tu nous niaises? » Non. Pas le moins du monde. Au contraire. Le 31 décembre, c’est dans cinq mois. Posez-vous la question : « C’est quoi, cinq mois dans votre vie? »

Moi, c’est 1/65e de ma vie. Ma mère? C’est 1/127e de sa vie. Ma blonde? 1/62e. Mon oncle Bertrand? 1/146e. Madame Dubreuil (ma voisine)? 1/209e de sa vie. Son chien Kiki? Je n’en ai pas la moindre idée…

Et vous? C’est quoi cinq mois dans votre vie? C’est quoi vous engager pour cinq mois, si ça peut mettre fin au maudit virus et sauver des milliers de vies?

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