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Est-ce que le Québec va réussir à casser la 2e vague?


 Publié le 16 octobre 2020
 

Il est encore trop tôt pour répondre à cette question et en fait, la réponse repose largement entre nos mains.

Pour le moment, ce qu’on peut affirmer, c’est que sans les mesures de restriction décidées par le gouvernement Legault, le Québec s’en allait droit dans le mur. Ce sont les conclusions des chercheurs universitaires qui travaillent avec l’INSPQ et qui ont fait des projections à partir de leur modèle mathématique. On y reviendra.

Ce qu’on peut également avancer, c’est que pour le moment, le Québec (et l’Ontario) s’en sort mieux que l’Europe et les États-Unis.

Pour la suite, ça dépendra beaucoup de nous. Depuis le début de la pandémie, on a appris au moins trois choses des épidémiologistes qui peuvent nous éclairer sur ce que nous, les citoyens, sommes en mesure de faire :

  1. On sait que la clé du succès pour ralentir la propagation du virus, c’est d’avoir le moins de contacts possible avec les autres, surtout à l’intérieur et d’une durée de plus de 15 minutes
  2. On sait que les personnes les plus vulnérables, ce sont les personnes âgées de plus de 70 ans
  3. Et finalement, on sait qu’il faut retracer les cas positifs et les isoler le plus vite possible pour éviter des éclosions de grande ampleur

Pour casser la 2e vague, il faut donc réduire nos contacts au maximum, protéger les personnes âgées de plus de 70 ans et isoler les cas positifs au moyen du dépistage et du traçage des cas.

La 2e vague frappe fort en Europe

Mais d’abord, une question : est-ce que la 2e vague est en train de frapper aussi fort que la première vague ailleurs dans le monde? Selon le dernier rapport épidémiologique de l’OMS, la contagion est en train de frapper encore plus fort, en particulier en Europe. Par contre, jusqu’ici, la pandémie cause moins de décès qu’au printemps.

On le voit bien dans le tableau suivant qui décrit la situation en Europe :

Figure 1 – Cas positifs et décès de la COVID-19 en Europe

La République tchèque

Même des États qui jusqu’ici s’étaient très bien tirés d’affaires peinent à casser cette 2e vague. C’est le cas par exemple de la République tchèque qui avait traversé la 1ère vague d’une façon remarquable. On voit dans le tableau suivant qu’au plus fort de la 1ère vague, il n’y a eu que peu de contagion. Mais à partir de la fin du mois d’août, les cas ont augmenté à une vitesse foudroyante. Le 16 octobre, la Tchéquie a recensé 9 720 cas positifs en 24 heures. À l’échelle du Québec, c’est comme si on avait eu 7 700 cas pour une seule journée!

Figure 2 – Cas positifs par semaine en République tchèque

La France

La France est elle aussi frappé de plein fouet. Selon le journal Le Monde, la France a recensé plus de 30 000 cas positifs en 24 heures le 16 octobre dernier. Le plus haut nombre depuis le début de la pandémie.

Figure 3 – La 2e vague en France – cas positifs par jour

La 2e (ou la 3e) vague aux États-Unis

Aux États-Unis, comme on peut le voir sur ce tableau du New York Times, on ne sait pas trop si on doit parler de 2e ou de 3e vague. On pourrait même avancer que la 1ère vague n’a jamais cessé. Au départ, c’est surtout la région du nord-est des États-Unis qui a été frappé, tandis que l’été dernier, c’est le sud qui a été frappé de plein fouet. Cet automne, une 2e vague est en train de se former un peu partout.

Figure 4 – Cas par jour aux États-Unis

Au Québec, la 2e vague a frappé soudainement

Au Québec, la 2e vague a frappé soudainement. Comme on peut le voir sur la figure suivante tirée du site de l’INSPQ, le nombre de cas est passé d’environ 1 000 par semaine à la fin août à plus de 7 000 dans la première semaine d’octobre. Les cas ont été multiplié par sept en quelques semaines!

Depuis le 30 septembre, le nombre de cas semble se stabiliser sur un plateau qui tourne autour de 1 000 cas par jour en moyenne. Comment le Québec se compare-t-il aux 2e vagues en Europe et aux États-Unis? Plutôt mieux. On a vu que l’arrivée et l’ampleur de la 2e vague varie d’une région à l’autre. Mais si nous arrêtons l’aiguille au 16 octobre, voici ce que ça donne.

Figure 5 – Cas par jour par million d’habitants au 16 octobre

L’indicateur impitoyable, c’est le nombre d’hospitalisations

Ce que tous les États veulent éviter, c’est de voir le nombre de personnes hospitalisées augmenter à des niveaux insoutenables. C’est que pour une proportion importante des personnes hospitalisées, il y aura des séquelles permanentes ou des décès. L’autre conséquence, c’est que chaque personne hospitalisée pour la COVID-19 diminue les ressources qui peuvent être consacrées pour les traitements des autres maladies comme le cancer.

Voici le portrait des hospitalisations actives du 24 septembre au 15 octobre, soit le nombre de personnes soignées à l’hôpital pour la COVID-19 ce jour-là. Nous avons ajouté quelques États américains qui sont dans la 2e vague depuis plusieurs semaines. On voit dans le tableau que la croissance des hospitalisations est importante et que le Québec s’en sort plutôt mieux.

Figure 6 – Hospitalisations actives par million d’habitants

Le Québec a évité de frapper le mur

Le 16 octobre, un groupe de chercheurs universitaires qui collaborent avec l’INSPQ a déposé une projection qui montre que si le gouvernement n’avait pas pris des mesures de restriction importantes au début du mois d’octobre et que les Québécois avaient continué à multiplier les contacts, le nombre d’hospitalisations et de décès aurait dépassé le pic de la 1ère vague avant les fêtes. En fait, notre système de santé aurait été complètement débordé, avec des conséquences qu’on n’ose même pas imaginer.

Dans le tableau suivant, on voit ce qui se serait passé dans la région de Montréal sans les mesures prises avec le niveau d’alerte rouge :

Figure 7 – Projection du scénario sans les mesures du 1er octobre

À nous d’écrire la suite de l’histoire

Pour la suite, on ne pourra pas compter seulement sur le gouvernement. Chacun de nous a un rôle important à jouer. Voici trois façons de contribuer à réduire la contagion.

1. Réduire nos contacts pour affamer le virus

On le sait, la clé du succès pour ralentir la propagation du virus, c’est d’avoir le moins de contacts possible avec les autres, surtout à l’intérieur et pour une durée de plus de 15 minutes à moins de 2 mètres. Pour se propager, le virus se nourrit de nos contacts. Notre mission c’est de l’affamer en les réduisant au minimum.

Pour nous aider à y arriver, le gouvernement a entre autres fermé les bars, les restaurants, les salles de spectacle, les gyms et interdit les sports d’équipe et les rassemblements en tout genre. Il a aussi interdit les rassemblements dans les résidences privées.

Selon les experts, dans la situation actuelle nous avons réussi à stabiliser le nombre de cas et donc le nombre de nouvelles hospitalisations et de décès. Mais si on ne veut pas vivre sous ce régime de restrictions pendant des semaines ou des mois, il faut réussir à réduire la contagion. Pour y arriver, on doit absolument éviter les rassemblements dans les résidences privées.

Figure 8 – Les contacts par personne au cours du temps

2. Protéger les personnes âgées de 70 ans et plus

Pour éviter les hospitalisations et les décès, nous devons protéger les personnes de 70 ans et plus. Le gouvernement a pris des mesures pour éviter les éclosions à grande échelle que nous avons vécues au printemps dans les CHSLD et autres résidences. Plus de préposés, davantage de matériel de protection médicale, moins de mobilité du personnel entre les établissements.

De notre côté, nous avons la responsabilité de ne pas mettre à risque nos proches en prenant les précautions de base. N’oublions jamais que les personnes âgées ont un système immunitaire plus fragile, même quand ils sont en bonne santé. Ils sont donc plus susceptibles d’attraper le virus et plus susceptibles de souffrir de complications graves.

Les plus jeunes qui se sentent invulnérables font erreur. Des milliers de personnes de moins de 70 ans ont été très malades de la COVID-19 et doivent maintenant vivre avec des séquelles pour le reste de leurs jours.

Et pour les autres, ceux qui ne savent même pas qu’ils ont contracté la COVID-19, ils ne devraient jamais oublier qu’ils peuvent mettre la vie des autres en danger. Ça pourrait être leurs propres parents. Comme cette mère de famille qui a failli y passer après avoir été infectée par sa fille, qui ne présentait aucun symptôme.

3. Contribuer au dépistage, au traçage et à l’isolation des cas

La troisième contribution que nous pouvons faire, c’est d’aider la santé publique à dépister les cas positifs, à retracer leurs contacts et à les isoler pour étouffer dans l’œuf les éclosions.

Commençons par le dépistage. Si vous avez des symptômes, que vous avez été en contact avec une personne positive ou que les autorités vous demandent d’aller vous faire tester, allez-y. C’est un devoir de citoyen. À l’inverse, si vous n’avez aucun symptôme, ni aucune raison de vous faire tester, n’allez pas engorger le système pour rien. En cas de doute, faites vous-même une autoévaluation.

Une fois que quelqu’un est déclaré positif, on doit le plus rapidement possible remonter la chaîne de ses contacts des derniers 14 jours pour les prévenir, leur demander de s’isoler et de se faire tester et remonter leur chaîne de contact. De notre côté, on peut donner un solide coup de main à la santé publique en répondant au téléphone lorsque « Santé publique » s’affiche. On peut aider en faisant la liste de nos contacts. On doit immédiatement s’isoler quand on est déclaré positif ou à risque de l’être.

Et comme la mémoire est une faculté qui oublie et que la rapidité est cruciale, on peut télécharger sur notre téléphone l’application Alerte COVID, un geste simple qui ne prend que quelques secondes et qui peut sauver des vies. Vous êtes en train de lire cet article sur votre téléphone? Allez sur vos applis sur votre IPhone ou votre appareil Android, l’appli est là. Il ne vous reste qu’à la télécharger…voilà, c’est fait!

Conclusion : on a tous un rôle à jouer

La 2e vague est là. Grâce aux décisions rapides du gouvernement et aux efforts impressionnants des Québécois depuis le début octobre, le Québec a réussi pour le moment à stopper l’augmentation de la contagion.

C’est maintenant à nous d’écrire le prochain chapitre en jouant à fond notre rôle dans cette guerre à finir contre le virus. La prochaine bataille consiste à casser la 2e vague. On va y arriver en conjuguant les efforts du gouvernement, des travailleurs de la santé et de chacun et chacune d’entre nous.

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