Milieux humides: David Heurtel, le bon dernier de classe
Publié le 13 avril 2017
Nous connaissons tous – ou avons connu – cet élève qui commence son travail scolaire dans les derniers jours de la remise. On a beau lui dire qu’il n’y a aucun avantage à être constamment à la «dernière minute». Rien à faire: il n’en fait qu’à sa tête.
C’est l’image qui me vient en tête lorsque je pense aux actions menées dernièrement par le ministre du Développement durable et de l’Environnement, David Heurtel. Tout comme cet élève, David Heurtel vient de déposer à l’Assemblée nationale un travail incomplet, fait sur un coin de table, moins minutieux et rigoureux qu’il n’aurait dû l’être…
Au cours des derniers jours, le dossier de la protection et de la préservation des milieux humides a fait beaucoup parler. Cet enjeu environnemental primordial avait été mis de côté par le ministre, puisqu’il disait pencher sur une réforme importante.
Après des années d’attente, le gouvernement libéral a enfin présenté son plan de match. Cela faisait longtemps que nous attendions une action concrète du ministre Heurtel. Malheureusement, il y a de quoi s’inquiéter.
Retournons en arrière quelques instants. Nous sommes en 2012 et le gouvernement libéral de Jean Charest est toujours au pouvoir. Quelques mois avant le déclenchement des élections, l’Assemblée nationale est forcée d’adopter en catastrophe une loi pour protéger nos milieux humides. Le gouvernement libéral est devant le fait accompli: il doit combler le vide juridique qu’il a créé et réparer ses erreurs, qui lui ont valu d’ailleurs une cuisante défaite devant les tribunaux québécois. Sa loi est toutefois temporaire et prend fin en avril 2015.
Vous me voyez venir, j’en suis certain. Trois ans plus tard, à la veille de cette échéance, le gouvernement du Québec – toujours libéral, faut-il le souligner – dépose un autre projet de loi… temporaire une fois de plus. En effet, David Heurtel admet son échec et demande plus de temps pour accoucher d’un vrai projet de loi-cadre pour les milieux humides.
Il y a deux semaines, le comble de l’ironie survient: David Heurtel dépose un autre projet de loi, qui vise à prolonger l’application de sa loi de 2015, qui elle-même venait prolonger celle de 2012. Vous ne rêvez pas! Voilà comment gouverne notre bon vieux gouvernement libéral…
Quel manque de leadership et marque de désintérêt pour un enjeu aussi vital pour notre environnement! Les milieux humides, ce sont des milliers d’hectares à travers le Québec, des terres qui pourraient être menacées par différents projets. Ils sont non seulement essentiels pour l’économie régionale, mais ils représentent des lieux prisés pour les familles québécoises.
Au cours des derniers mois, j’ai tenté de sensibiliser le ministre à cette problématique. Je lui ai répété à plus d’une occasion qu’il est inacceptable qu’on attende 2018 pour obtenir un régime fiable et prévisible pour les milieux humides.
Tout ce que David Heurtel a trouvé à me dire, c’est qu’il ne pouvait pas mener plusieurs dossiers en même temps. En effet, sur sa table de travail, il y avait une loi véhicule zéro émission (déjà adoptée) et une réforme en profondeur de la Loi sur la qualité de l’environnement (déjà adoptée). Bref, David Heurtel admet qu’il n’est pas capable de travailler en parallèle.
Ce qu’il ne semble pas comprendre, c’est qu’il fallait traiter de la question des milieux humides en même temps que la réforme de la loi sur la qualité de l’environnement. Lorsqu’il se décidera enfin à protéger définitivement les milieux humides, il faudra obligatoirement qu’on rouvre sa loi. Ça ne fait aucun sens. Décidément, avec les libéraux, on tourne en rond.
David Heurtel s’est donc comporté comme un enfant d’école, qui fait son travail tout croche, à la dernière minute. Reste à voir maintenant si Philippe Couillard sifflera la fin de la récréation.