Rona: Une vente qui ne laisse personne indifférent
Publié le 4 février 2016
L’annonce de la prise de contrôle de Rona par l’américaine Lowe’s ne laisse personne indifférent auprès des chroniqueurs économiques et politiques.
Michel Hébert du Journal de Québec partage notamment ses inquiétudes sur le fait que le Québec devienne une économie de succursales. « Rona est inscrit dans l’ADN industriel du Québec. Mais le gouvernement Couillard prend la pose du bonsaï comme avec UberX. Pourtant, le dollar est faible et le danger persiste: après Rona, ce sera quoi? Bombardier? On risque l’établissement définitif d’une économie de succursales! », soutient-il.
Le chroniqueur économique au Journal de Montréal, Michel Girard, ne comprend pas de son côté l’optimisme face à cette nouvelle de la nouvelle ministre de l’Économie, Dominique Anglade. « Quand c’en est rendu que les hauts dirigeants du bas de laine des Québécois donnent, sans la moindre réticence, leur aval à la mainmise des Américains sur un tel joyau québécois, il serait temps de leur rappeler qu’ils gèrent l’argent des Québécois dans l’intérêt du Québec et non des étrangers. Et dire que le gouvernement Couillard les appuie haut la main dans cette transaction. Une chance qu’on peut compter sur les partis d’opposition pour protéger le Québec contre l’envahisseur étranger », souligne-t-il.
Jean-Robert Sansfaçon du Devoir croit lui aussi qu’il s’agit d’une perte importante pour le Québec. « En somme, si la transaction est une bonne nouvelle pour les actionnaires qui voient leur investissement doubler de valeur du jour au lendemain, y compris la Caisse de dépôt, qui encaissera un profit de plus de 200 millions de dollars, elle constitue une perte pour le Québec », explique-t-il.
Pour sa part, Denis Lessard de La Presse ajoute que cette annonce s’ajoute une liste déjà bien longue de fleurons québécois qui passent à des mains étrangères. « Depuis 10 ans, les ventes d’entreprises québécoises à l’étranger se sont multipliées, accélérées souvent par la faiblesse du huard. Sico, Cambior, Van Houtte, les Aliments Carrière et Domtar sont dirigées depuis Toronto, quand ce n’est pas carrément des États-Unis. Jusqu’aux petits gâteaux Vachon, le fleuron de la Beauce, qui font désormais partie d’un consortium mexicain. L’achat de Rona par l’américaine Lowe’s n’est qu’un nouveau chapitre dans la longue liste d’achats d’entreprises québécoises par des firmes étrangères ou de l’extérieur du Québec.»
Dans son plus récent billet, Claude Villeneuve du Journal de Québec indique que « les nouvelles positives se font attendre sous la gouverne du soi-disant parti de l’économie. L’effet libéral ne survient pas. Alors que le remaniement devait permettre de recadrer le message, celui-ci est déjà plombé par ce coup dur. Le tout à six jours de la rentrée parlementaire. »