François Legault livre sa vision économique pour le Québec


 Publié le 28 septembre 2022

François Legault, chef de la Coalition Avenir Québec et premier ministre du Québec, a profité de son passage devant la Chambre de commerce du Montréal métropolitain pour réitérer les priorités économiques de son parti. Il a également souligné l’importance d’investir en éducation et dans les secteurs d’avenir afin de créer un Québec plus vert et plus prospère pour les prochaines générations. Voici la version intégrale de son discours (la version prononcée fait foi) :

« Bonjour tout le monde,

Je suis content d’être à la Chambre de commerce du Montréal métropolitain. Je suis un Montréalais. J’ai grandi ici, j’ai fait des affaires ici, j’ai élevé mes enfants ici et je paye mes taxes ici! J’aime Montréal.

On ne le dit pas assez, mais Montréal est une ville extraordinaire. Ville des festivals, des arts, de la culture. La plus grande ville francophone d’Amérique. Et le moteur économique du Québec.

J’ai de grands projets pour Montréal. En particulier pour l’est de Montréal. On a tous ces immenses terrains. On va les décontaminer. On va les développer. Ce sont des terrains sur l’île de Montréal. Quel potentiel extraordinaire! Et on a besoin d’un Montréal fort pour avoir un Québec fort.

Depuis quatre ans, depuis 2018, on s’est donné un bel élan au Québec. Vous le savez, mon obsession, c’est d’éliminer notre écart de richesse avec l’Ontario. De 2008 à 2018, pendant 10 ans, l’écart de richesse Québec-Ontario est resté à 16 %. Depuis quatre ans, on a réussi à réduire cet écart à 13 %. C’est tout un virage! Un virage qui s’explique par une augmentation de notre productivité. Et je ne veux pas qu’on s’arrête là.

Dans le dernier mandat, au cours des quatre dernières années, on a beaucoup investi dans les secteurs d’avenir. Je pense, entre autres, à la filière batterie. On a la chance d’avoir du lithium au Québec. C’est important qu’on exploite ces minéraux-là. Mais c’est important qu’on les transforme ici. C’est une opportunité exceptionnelle de créer des emplois mieux payés. C’est une opportunité pour attirer des grandes entreprises au Québec. On a déjà commencé avec GM et avec BASF.

Il y a aussi l’aluminium vert et l’acier vert. Avec notre hydroélectricité, on est capable de produire des métaux moins polluants.

On a aussi investi dans le secteur de l’aérospatiale. C’est une de nos grandes expertises. C’est une partie importante de nos exportations. Dans le dernier mandat, on a investi avec Pratt & Whitney, Bell Textron, CAE et dans le Airbus A220.

Il y a aussi le secteur de l’intelligence artificielle. On a beaucoup de professeurs et de chercheurs dans ce secteur. On a investi dans les premières zones d’innovation à Bromont et à Sherbrooke, pour créer des pôles d’expertise en science quantique et en technologies intelligentes. Disons qu’on n’est pas exactement resté dans les années 90, contrairement à ce qu’on entend parfois.

Depuis quatre ans, en plus de miser sur des secteurs d’avenir, on s’est donné des leviers pour aider nos entrepreneurs. On a réformé Investissement Québec. Le mandat chez Investissement Québec, c’est de faire exploser les investissements des entreprises.

On a aussi réorienté nos délégations du Québec à l’étranger. Maintenant, leur mission première, c’est d’aider nos entreprises à exporter.

Mais le grand enjeu des prochaines années, ce sont les changements climatiques. Il faut radicalement diminuer nos émissions de gaz à effet de serre. Mon objectif est que le Québec devienne le premier État carboneutre en Amérique du Nord, avant 2050.

On a tous les outils pour y arriver. Ça passe par une électrification massive de notre économie. Il faut électrifier nos transports, nos industries, nos bâtiments, notre agriculture. Sauf que pour tout électrifier, ça va nous prendre du jus. En ce moment, Hydro-Québec produit environ 200 térawattheures par année. On estime que, pour atteindre notre objectif de zéro GES, on va avoir besoin de 100 térawattheures de plus. C’est l’équivalent d’ajouter une moitié d’Hydro-Québec. C’est énorme!

Pour créer toute cette électricité, on a trois stratégies. Premièrement, on va miser sur l’efficacité énergétique. C’est la manière la plus rapide et la moins coûteuse de dégager de l’électricité. En plus, c’est bon pour les Québécois : ça fait baisser la facture. Et c’est bon pour nos entreprises, qui vont être plus productives. Deuxièmement, on va produire plus d’énergie éolienne. Le coût a baissé au cours des dernières années et on peut en construire rapidement. Troisièmement, on a besoin d’une électricité qui n’est pas intermittente. Une électricité qu’on peut avoir en réserve pour les périodes de pointe. On ne peut pas y arriver seulement avec de l’efficacité énergétique et avec de l’éolien. C’est pour ça qu’on a demandé à Hydro-Québec de regarder la possibilité de construire de nouveaux barrages. Évidemment, on va faire ça en partenariat avec les nations autochtones. Il ne faut pas oublier que notre contrat avec Churchill Falls se termine en 2041. Je ne veux pas qu’on se retrouve en position de faiblesse pour cette négociation. Et quand on pense que ça prend à peu près 15 ans à négocier et construire un nouveau barrage, il faut donc le faire maintenant.

Notre plan vise à réduire nos GES de 37,5 % d’ici 2030. Avec cet objectif, on serait parmi les meilleurs en Amérique du Nord. Il ne faut pas oublier qu’on est déjà les premiers en Amérique du Nord, quand on regarde les GES par habitant. Sur 50 États américains et 10 provinces canadiennes, le Québec a le plus bas niveau de GES par habitant. On est premier sur 60 États et provinces.

Quand j’entends certaines personnes, on dirait qu’on est 60e sur 60. Et il y en a qui proposent d’aller plus loin que 37,5 % d’ici 2030. Il y en a qui parlent de 45 %. Il y en a même un qui parle de 55 %… Ils ont juste oublié de nous dire où ils vont prendre l’électricité.

Donc, la transition énergétique est une opportunité exceptionnelle pour le Québec. On a tous les atouts pour que le Québec devienne un leader mondial de l’économie verte.

Un autre grand chantier pour l’avenir du Québec, c’est l’économie numérique. On a livré la marchandise pendant le mandat en branchant tous les Québécois à Internet haute vitesse. Durant la campagne, on a annoncé que, si la CAQ est réélue, on va créer le Fonds ID Québec. ID, pour infrastructures et données. Un fonds de 3 milliards. Et on prévoit que ça va amener des investissements privés de 4,8 milliards. Donc, on vise des investissements de 7,8 milliards dans les infrastructures numériques du Québec.

Concrètement, ID Québec va permettre de faire trois choses. Premièrement, on va compléter le réseau cellulaire d’ici 2026. Pour les Québécois qui vivent en région, et pour nos PME, c’est incontournable. Deuxièmement, on va faire passer la majorité du réseau cellulaire à la 5G et au-delà d’ici 2030. Ça va nous permettre d’être compétitifs et ça va permettre d’attirer des investissements étrangers privés au Québec. Troisièmement, on va donner accès à un réseau de fibre optique partout au Québec. Grâce à ça, toutes les régions et toutes les entreprises vont avoir accès aux technologies de pointe. C’est important. Parce qu’avec l’automatisation et l’intelligence artificielle, nos entreprises vont avoir besoin de plus de capacité pour traiter des données. Le Canada a pris un certain retard sur l’Europe dans le numérique. Avec ID Québec, on va être en avant de la parade!

L’autre élément important dans notre vision pour l’économie du Québec, c’est l’achat québécois. On a d’abord revu nos politiques pour que l’État s’approvisionne autant que possible auprès d’entreprises québécoises. On a aussi dévoilé une nouvelle étiquette pour identifier facilement les produits du Québec. Et s’il y a eu une bonne nouvelle pendant la pandémie, c’est que beaucoup de Québécois ont pris l’habitude, par solidarité, d’acheter québécois. C’est bon pour l’économie et c’est bon pour la fierté!

Maintenant, je veux vous dire quelques mots sur la pénurie de main-d’œuvre. Je sais que c’est un enjeu important pour beaucoup d’entreprises.  C’est un problème dans toutes les sociétés industrialisées.

On va vivre, au cours des prochaines années, une transformation importante du marché du travail. Il y a des secteurs comme le commerce de détail qui vont perdre des emplois. Notre défi, c’est d’aider financièrement les personnes touchées à se requalifier dans d’autres secteurs. On a commencé à y travailler.

Je veux vous dire aussi que l’immigration n’est pas une panacée. L’immigration augmente l’offre de travail, mais elle augmente aussi la demande de services en santé, en éducation, en logement. Et il y a un enjeu d’intégration des nouveaux arrivants au français. On voit actuellement un déclin du français.

À Montréal, sur l’île, on a seulement 56 % des travailleurs qui travaillent en français. Le français va toujours être vulnérable en Amérique du Nord. Et, pour moi, c’est important qu’on continue de parler français. Cela dit, on travaille très fort en ce moment pour que la sélection des immigrants et des travailleurs temporaires soit mieux arrimée aux besoins du marché du travail. On veut aussi accueillir beaucoup d’étudiants étrangers qui viennent étudier dans nos cégeps et dans nos universités francophones. On doit aussi mieux cibler les études dans les secteurs où il y a pénurie. Déjà, on a mis des bonus importants pour les étudiants en Éducation, en Santé, en TI et en Ingénierie.

Durant la campagne, on a annoncé que, si la CAQ est réélue, on va faire une réforme majeure de la formation professionnelle. On vise à décerner 30 000 diplômes de plus dans des secteurs stratégiques. On va miser sur la formation à distance et on va créer des programmes courts rémunérés, dans les secteurs clés.

On veut aussi continuer de mettre des incitatifs pour que les travailleurs plus âgés restent ou reviennent au travail. On a annoncé que, si on est réélu, on va rendre optionnelle la cotisation au RRQ pour les travailleurs de 65 ans et plus.

Mais les entreprises, comme partout dans le monde, vont avoir un grand défi : augmenter leur productivité. On veut travailler avec vous, pour relever ce grand défi.

Par ailleurs, à court terme, on a un problème avec l’inflation. L’important c’est d’aider les Québécois. On va remettre un montant ponctuel de 400 à 600 $ en décembre prochain. On va augmenter le crédit d’impôt pour nos aînés jusqu’à 2 000 $. On va baisser les impôts. Et on va limiter les augmentations de tarifs du gouvernement à 3 %. D’ailleurs, je vous annonce que, si la CAQ est réélue, le premier projet de loi qu’on va déposer va porter sur l’inflation. C’est ça qui est le plus pressant. Et c’est ça qu’on va faire en partant dans un second mandat.

Donc, je termine en vous disant que, depuis quatre ans, on a prouvé que la CAQ, c’est LE parti de l’économie. On a une équipe économique solide, avec des gestionnaires d’expérience comme Éric Girard aux Finances, comme Sonia LeBel au Trésor et comme Pierre Fitzgibbon à l’Économie.

Mais on ne pourra pas éliminer notre écart de richesse sans vous. Et on ne pourra pas éliminer notre écart de richesse sans Montréal.

Je suis un entrepreneur, en affaires, mais aussi en politique. J’ai fondé un parti politique, une start-up qui a connu un certain succès.

J’aime les entrepreneurs. J’aime les dirigeants d’entreprises qui sont audacieux. J’ai le goût de travailler avec vous pour bâtir ensemble un Québec plus prospère, un Québec plus vert, un Québec plus fier!

Merci, »

François Legault, chef de la Coalition Avenir Québec et premier ministre du Québec