fbpx

Où étiez-vous le 12 mars 2020?


 Publié le 14 juin 2020
 
Où étiez-vous le 12 mars 2020

Où étiez-vous, le 12 mars, la première fois que le premier ministre a parlé de pandémie avec le docteur Arruda? Moi, j’étais à la brasserie, après mon match de hockey hebdomadaire. Les postes de télévision de la brasserie avaient troqué les chaînes sportives pour les chaînes de nouvelles en continu. On ne voyait que le premier ministre, accompagné de la ministre de la santé et de celui qui allait bientôt devenir la star du Québec : le bon docteur Arruda, le directeur national de la santé publique du Québec.

On prenait notre bière, tout en fêtant l’anniversaire d’un des boys et on mesurait mal l’ampleur de ce qui nous attendait. Et même si le virus venait d’entrer, ce jour-là, dans nos esprits, on affichait encore une belle insouciance pour un groupe dont la moyenne d’âge frise la soixantaine.

Quand j’ai repris la route (à Montréal) pour rentrer chez moi (en Mauricie), je me rappelle m’être dit que notre saison de hockey avait sans doute pris fin. Et curieusement, ce soir-là, j’ai senti que c’était la fin d’un monde connu, et le début d’un monde totalement inconnu.

Vous, où étiez-vous le mars? À quoi avez-vous songé, ce jour-là?

Le rendez-vous de 13 heures

Si on m’avait dit qu’un jour, le point de presse du premier ministre allait dépasser les cotes d’écoute de La Voix ou de District 31, j’aurais répondu que ce serait sans doute durant la semaine des quatre jeudis ou bien quand les poules auraient des dents.

Et pourtant, c’est la stricte vérité. Le point de presse quotidien de François Legault a maintenu une moyenne de 2 à 2,5 millions de téléspectateurs et un record de 2 735 000 auditeurs, le 7 avril.

Je faisais partie de ces gens. Et j’ai écouté, religieusement, tous les points de presse du trio Legault-McCann-Arruda. Tous les jours, sans exception.

Pourquoi? Parce que je voulais savoir. Tout savoir. Parce que le moment que l’on vivait était un moment exceptionnel, qui méritait une solidarité exceptionnelle.

Et le mot exceptionnel est sans doute le meilleur mot pour décrire le travail des trois vedettes du point de presse de 13 heures.

J’ai toujours pensé que François Legault ferait un bon premier ministre, pas seulement parce qu’il savait compter, mais parce qu’il était vrai et humain. Ses rendez-vous de 13 heures m’ont prouvé qu’il était meilleur encore – un véritable homme d’État -, et qu’il suivait ses dossiers comme rarement j’ai vu dans ma vie.

Et que dire de ses deux collègues, parfaits dans leur rôle respectif. Une Danielle McCann précise, à l’écoute et à la tâche. Et un docteur Arruda clair, sympathique, capable de rendre la science épidémiologique limpide.

Pas étonnant aussi qu’ils soient vite devenus les héros des médias sociaux. J’ai même vu plein de gens de la gauche intellectuelle encenser François Legault, alors qu’en octobre 2018, ces mêmes gens ne se gênaient pas pour le vilipender et espérer sa défaite. Comme quoi, des œillères, il s’en porte autant à gauche qu’à droite. Soudainement, tout le monde était content que le premier ministre soit un comptable, parce qu’un comptable, ça pose les bonnes questions et ça veut les bonnes réponses. Un comptable, ça demande toujours des précisions et ça ne se contente jamais d’à peu près.

Pour dire le fond de ma pensée, on devrait tous se féliciter que ce soit sous un gouvernement de François Legault que soit tombée la pandémie. Je ne vois pas qui aurait pu faire mieux que lui dans les circonstances.

Je pense que c’est dans les moments de crise qu’on reconnaît les grands hommes. Et François Legault fait partie de ceux-là.

Personne ne connaît quelqu’un qui l’a attrapé

Dès la fin mars, chaque fois que j’avais une conversation téléphonique avec quelqu’un, la même question revenait toujours sur le tapis : « Toi, connais-tu quelqu’un qui l’a attrapé? Moi, je ne connais personne. » La question me faisait sourire, car j’espérais, au fond, ne jamais connaître personne.

Alors je répondais : « Moi non plus »; pour passer le plus vite possible à un autre sujet, car je connaissais quelqu’un qui l’avait attrapée… moi.

Oui, j’ai eu la Covid-19.

C’est ma femme qui l’a d’abord attrapée et qui me l’a transmise, sans savoir qu’elle en était elle-même atteinte. Et je l’ai eue sans trop savoir que je l’avais. Je fais donc partie des chanceux, de ceux qui ont eu la version douce.

Le 12 mars, ma femme s’est fait vacciner contre le zona. Et c’est sans doute là qu’elle l’a attrapée. Deux jours après, son nez coulait, elle toussait un peu et avait mal partout. « Je pense que j’ai un rhume comme celui de l’an dernier. J’ai mal partout. » Et elle ressentait une grande fatigue, elle n’avait qu’une seule envie : dormir. Ce qu’elle faisait 10-12 heures par jour. Je lui disais : « Ça doit être des effets secondaires de ton vaccin contre le zona. » « Peut-être… », rétorquait-elle, sans plus.

Le 17 mars, mon nez s’est mis à couler, et je me suis mis aussi à sentir de la fatigue. Puis, chaque jour un peu plus, mais sans jamais m’empêcher de travailler. Là encore, je me trouvais chanceux : j’avais du travail.

Les jours ont passé jusqu’au moment, où le 22 ou 23 mars, ma femme me dit : « Ah oui, pis c’est bizarre, on dirait que je ne sens plus rien et que je ne goûte plus rien. » Je lui ai répondu qu’elle devrait peut-être appeler son médecin… », avant d’ajouter que, moi non plus, je ne sentais ni ne goûtait plus rien.

Le 24 mars, son médecin lui a annoncé que l’anosmie et l’agueusie faisaient maintenant partie des symptômes de la Covid-19 et qu’on devrait peut-être aller se faire tester.

Le 25 mars, on a passé le test de dépistage et, le 27, on était déclarés positifs.

Et le 3 avril, on nous déclarait guéris.

Rien d’autre à signaler.

Tout ce que j’ai eu, c’est une grande fatigue, la perte de goût (l’agueusie) et la perte d’odorat (l’anosmie). Pour le reste, rien. Pas d’essoufflement, pas de toux, pas de fièvre. J’ai été chanceux.
Surtout que je fais partie des groupes à risques, les 60 ans et plus.

Je comptais les morts à la télé et je me disais qu’on avait été très chanceux. Chanceux d’avoir presque rien eu,  d’être en parfaite santé et d’être immunisés. Et extrêmement chanceux que nos mères, respectivement de 87 et 90 ans n’aient rien eu et soient toujours pleines de vie.

Et chaque jour, mes pensées accompagnaient les moins chanceux, dont certains – quelle tristesse! – avaient perdu leurs deux parents durant la même semaine.

Donnez votre avis