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Covid-19 : doit-on craindre une deuxième vague?


 Publié le 28 juin 2020
 
COvid-19 : Doit-on craindre une deuxième vague?

La réponse est oui. Et c’est à nous de définir la vague que l’on aura. Pour tout dire, je crois qu’on aura la deuxième vague que l’on mérite. Plus on relâchera les consignes, plus elle sera forte et longue. Plus on respectera les consignes, plus elle sera faible et courte.

Alors la vraie question qu’on doit se poser, c’est bien plus quelle deuxième vague voulons-nous? Et la réponse à cette question va dépendre en grande partie de la façon dont on va vivre le déconfinement. De quel côté on va pencher. Du côté de ceux qui étaient déjà dehors lorsque le premier ministre, François Legault, a annoncé le déconfinement. Ou du côté de ceux qui ont préféré rester chez eux parce que le virus court toujours.

En fait, on fait face à deux types de comportements : ceux qui ont le déconfinement facile, et ceux qui ont toujours une peur bleue du virus.

Ce virus est si imprévisible qu’on a toutes les raisons d’en avoir peur

Et, en même temps, il a fait si peu de victimes – si on exclue les CHSLD – qu’on a l’impression que tout le monde est à l’abri hormis les plus vulnérables; c’est-à-dire les gens âgés, les personnes immunodéprimées et immunosupprimées ou les gens souffrant de maladies chroniques graves.

Ce qu’on a tendance à oublier, c’est que lors de la première vague, le Québec a réussi à éviter le débordement des hôpitaux. On n’a pas vu ici les scènes horribles qui se sont déroulées à New York, à Bergame ou dans la région parisienne. Si ça devait arriver ici, les décès pourraient se multiplier dans toute la population.

Mais avant de choisir entre le déconfinement facile et la peur bleue, il serait peut-être bon d’écouter ce que les experts ont à nous dire sur la question. C’est ce que j’ai fait et, mieux vaut se rendre à l’évidence, tous les experts sont du même avis : si on veut éviter un second confinement, mieux vaut continuer d’appliquer à la lettre les consignes sanitaires de base (garder deux mètres de distance, se laver les mains souvent et porter un masque dans les lieux publics).

Pour avoir une idée de l’ampleur de la deuxième vague potentielle, il suffit de se promener, d’aller faire son épicerie ou – mieux encore! – d’aller dans les quincailleries ou les centres de jardins.

Nous devons respecter les consignes

Du côté des marchands, il n’y a rien à redire. Ils respectent de manière exemplaire toutes les consignes qui leur ont été données par le gouvernement et la santé publique (marquage au sol des deux mètres de distance, port du masque ou de la visière de protection, file d’attente à deux mètres de distance pour passer à la caisse ou pour demander un conseil à un comptoir de service, etc.).

Du côté des clients, par contre, c’est une autre histoire. Autant il y a des gens hyper respectueux des consignes, autant il y en a qui ont l’air d’être revenus à la vie d’avant, dans une belle insouciance. Autant certaines personnes font leur épicerie avec vitesse et précision, autant il y en a qui prennent leur temps dans les allées, soupèsent les produits, tâtent leurs fruits et légumes, lisent tranquillement les étiquettes, comparent les ingrédients des marques nationales avec ceux des marques maison…

Le masque est efficace s’il est porté correctement

Même chose avec le port du masque. Le monde est divisé en deux : ceux qui sont pressés de revenir à la normale et ceux qui ont peur. D’un côté, il y a ceux qui portent le masque même quand ils sont seuls dans leur voiture. De l’autre, il y a ceux qui le portent sous le menton, dans leur cou ou tout simplement dans le coffre à gants de leur voiture.

Bref, pour revenir à la question de départ, il suffit de sortir pour réaliser que toutes les réponses sont bonnes et qu’il y aurait peut-être lieu d’avoir tous très peur… et qu’on devrait – surtout! – continuer d’écouter scrupuleusement les consignes que ne cessent de nous répéter François Legault et le docteur Arruda.

Alors qu’attendons-nous pour le faire? Surtout quand la seule chose à faire pour éviter le pire, c’est de se protéger et de protéger les autres. Tant et aussi longtemps qu’on n’aura pas de vaccin. La seule chose à faire, c’est de rester vigilants et de respecter les consignes.

Des dizaines de milliers de vies ont été sauvées lors de la première vague

Je sais, je sais, vous allez dire que vous en avez marre des foutues consignes, mais pour mieux vous aider à les apprécier, et à les appliquer encore, sachez que c’est le respect des consignes et du confinement qui ont permis de limiter grandement les dégâts durant la première vague.

En effet, une étude toute récente1 de l’Imperial College London, classée neuvième meilleure université au monde, montre clairement que le confinement a permis d’éviter la catastrophe en Europe et que les mesures appliquées, dans les 11 pays à l’étude, ont permis d’épargner la mort à quelque 3 millions de personnes entre le début mars et le début mai 2020.

Et selon une étude conjointe des experts de l’Institut national de santé publique du Québec et de l’Université Laval2, le nombre de décès aurait pu être de 10 fois supérieur au Québec si le gouvernement n’avait pas mis en place les mesures de confinement et de distanciation sociale. 10 fois plus!

Décès quotidiens dans la population

Le graphique ci-dessus montre que sans intervention, le nombre de décès au Québec aurait pu décupler. Les mesures de distanciation et de confinement rapidement mises en place au Québec pourraient avoir sauvé des dizaines de milliers de vies. Les décès en CHSLD sans hospitalisation ne sont pas inclus dans ces projections.

Et même si la situation s’améliore de semaine en semaine au Québec, il faut savoir qu’elle s’aggrave dans le monde selon l’OMS (Organisation mondiale de la Santé). Du 30 mai au 8 juin, il y a eu plus de 100 000 nouveaux cas en moyenne par jour dans le monde. C’est énorme.

Si le monde avait réagi plus tôt à l’alerte lancée à Wuhan par le docteur Li Wenliang3, à la fin décembre 2019, sûrement que des centaines de milliers d’autres vies auraient été sauvées.

Il faut continuer de se protéger

Alors, est-ce qu’on peut cesser d’être vigilants et avoir le déconfinement facile? La réponse, c’est non.

Il faut continuer de se protéger, de protéger les autres et de se serrer les coudes parce qu’on est tous dans le même bateau. Il faut continuer de faire front commun contre la pandémie. Et il faut continuer de savoir que la Covid-19 est un ennemi invisible, imprévisible et extrêmement sournois.

C’est notre volonté commune à battre le virus qui doit l’emporter. C’est cette volonté commune qui doit devenir virale.

On ne veut pas que la deuxième vague soit pire que la première, parce que si c’était le cas, tout le monde s’accorde pour dire que ce serait extrêmement difficile de s’en remettre. Encore plus difficile que maintenant.

Nos décisions personnelles ont un impact direct sur tous les Québécois

Alors que veut-on? Quelle deuxième vague voulons-nous? Il y a lieu d’y penser correctement, et collectivement. Parce que chaque décision personnelle aura un impact direct sur les conséquences que tout le monde devra subir.

Il y a eu assez de morts, assez de familles éplorées qui n’ont pas pu accompagner leurs proches dans leurs derniers moments. Il y a eu assez d’anges gardiens au bout du rouleau, de gens au bout de leurs sous ou au bout de leurs nerfs, d’entreprises au bout de leurs ressources. À la fin, c’est tout le monde qui paie la note.

Et si jamais vous étiez tentés de revenir au monde d’avant, sachez que le monde d’avant ne revient jamais. Autrement, on pourrait tous retourner aux années 2000 ou aux années 1970, dépendamment de notre âge.

Et si par ailleurs les années 1920 se sont appelées les années folles, peut-être que les années 2020 devraient s’appeler les années sages. Parce que ce sera toujours mieux que les années mortes.

J’aimerais bien vous dire que c’est à nous et à personne d’autre de choisir, mais je pense, en fait, qu’on n’a pas vraiment le choix. Car personne n’a les moyens – ni le goût! – de retourner en confinement et de perdre un de ses proches. En tout cas pas moi.

Je suis un fils (ma mère aura bientôt 88 ans), un père (d’enfants de 30, 33 et 38 ans), un grand-père (d’une fillette de 5 ans et, par alliance, de deux grandes petites-filles de 18 et 20 ans), un mari (d’une adorable retraitée) et j’ai le goût de pouvoir continuer à les chérir le plus longtemps possible.

Il ne faut pas lâcher

Alors mon choix est fait. Je vais continuer d’écouter les consignes du premier ministre, François Legault, et du directeur national de la santé publique, le docteur Arruda. Et je vais faire tout ce que je peux pour que la deuxième vague soit la plus petite et la plus courte possible.

Et vous, quelle deuxième vague voulez-vous?


1 Publiée le 8 juin 2020 dans le journal scientifique Nature.
2 Groupe de recherche en modélisation mathématique et en économie de la santé liée aux maladies infectieuses, dirigé par Marc Brisson.
3 Le docteur Li est mort en février 2020 de la Covid-19, à l’âge de 33 ans.

 

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